Espèce protégée en France depuis 1999, ce passereau de la taille d'un moineau est facilement reconnaissable grâce au contraste entre le vert olive de sa tête et le brun orangé de son corps. Il possède également des pattes et un bec rose... Encore faut-il avoir la chance de la voir puisque la majorité des contacts reste auditifs.
La diminution de la biodiversité dans les campagnes est le cœur d'une problématique qui s'étend
sur l'ensemble du territoire français. Notre association s'est engagée depuis 2015 dans un programme
régional, qui vise à concilier les activités agricoles et la préservation de la biodiversité. En Occitanie, le Bruant ortolan n'est plus présent que dans le Quercy blanc (sud du Lot et nord du Tarn-et-Garonne), dans le nord-ouest du Tarn, le long du littoral méditerranéen et sur les plateaux des Grands Causses. La régression actuelle de l'espèce témoigne d'un déclin marqué depuis les années 80.


Milieux de vie
Cette espèce des milieux ouverts affectionne particulièrement les espaces ouverts : pelouses sèches, jachères et les milieux cultivés qu'il va privilégier comme zone d'alimentation. Le mâle recherche des perchoirs comme les murets, les arbres isolés ou encore les haies pour émettre son chant mélodieux.
L’importance de la ressource alimentaire
Les adultes et les jeunes consomment essentiellement des chenilles, des sauterelles ou des lombrics. Les graines et bourgeons deviennent prépondérants dans l'alimentation avant les départs en migration.
Cette espèce fait partie des oiseaux des agro-écosystèmes doublement impactés par l’usage des pesticides : les graines de plantes adventices et les insectes font particulièrement défaut dans les cultures traitées. Aucun comparatif, entre 2000 et 2018, de la quantité d’insectes disponibles dans les différents milieux prospectés par l’Ortolan (haies arborées, bosquets, landes, pelouses, cultures…) n’a été réalisé dans le Lot à notre connaissance. Mais on ne peut que rappeler ici les résultats alarmants donnés par des études sur l’évolution des populations d’insectes ou celles sur les oiseaux liés aux milieux agricoles ou encore aux plantes messicoles, que ces études aient été réalisées au niveau européen, français ou régional.


Evolution des populations
La population de Bruant ortolan (Emberiza hortulana) nichant en France était estimée à la fin des années 1980 entre 10 000 et 23 000 couples. Dans le sud-ouest de la France, et majoritairement dans le Quercy, on considérait alors que sa population s’élevait à 500 à 900 couples (Claessens O., 1992).
La comparaison entre le niveau de population du début des années 1970 et celui de la fin des années 1980 faisait déjà apparaître un déclin de l’espèce sur les marges septentrionales mais également localement au cœur même de sa distribution géographique française, en Midi-Pyrénées notamment. La régression géographique s’accompagnait alors déjà d’un déclin numérique (Claessens O., 1992).
En 1999, Claessens et Rocamora, dans la Liste rouge des oiseaux menacés et à surveiller en France, estimaient l’espèce en déclin (probablement plus de 50% entre 1970 et 1999) avec une population française inférieure à 10 000 couples.
La carte ci-contre montre le nombre de mâles chanteurs estimés par département sur la période 2019-2023 (Dupuy et al. 2024, dans Ornithos 31-5).
Evolution de la population
Une étude menée en 2000 sur le Quercy Blanc lotois permettait d’évaluer la population à au moins 57 mâles chanteurs répartis sur 16 communes (Heaulmé V. & Esslinger M., 2002). Mais ce nombre de mâles chanteurs n’est pas traduisible en un nombre de couples. En effet on a signalé que dans certaines conditions (faibles ressources alimentaires disponibles), le nombre de mâles non appariés pouvait dépasser 50% du nombre total de mâles (Glutz von Blotzheim, 1989 et Bülow, 1990). On pouvait donc estimer que la population nicheuse dans le Quercy Blanc lotois (et par extension dans tout le département du Lot) était comprise entre 28 et 57 couples au début des années 2000. Soit à peine 1/10ème de la population estimée vingt ans plus tôt pour une zone occupant le quart sud-ouest de la France et alors que le Quercy représentait le bastion de l’espèce au sein de cette zone.
En 2012, Heaulmé et Joachim, dans l’Atlas des oiseaux nicheurs de Midi-Pyrénées signalaient que l’Ortolan avait accusé une forte régression dans le Quercy ; et qu’il avait notamment complètement disparu des causses jurassiques à calcaire dur (Causse de Martel, de Gramat, de Cajarc et de Limogne).
En 2018, nous avions réalisé une comparaison des données historiques précitées et des données actuelles suite à des inventaires sur le terrain. Les cartes sont présentes ci-dessous pour comparaison.

