Pouponnière emplumée à La Rousselle !
Témoignage de Jocelyne Bécé qui a eu la chance d'observer chez elle la naissance d’un faucon crécerelle et de deux huppes fasciées dans son bâti.
Cela a commencé au printemps : beaucoup de bruit du côté de la grange, vers le pignon est, au-dessus de mon potager. Mais difficile de savoir ce qui se passait car le calme revenait dès que j’allais y voir. A force de patientes observations, j’ai fini par identifier un couple de faucons crécerelle qui s’activaient bruyamment de ce côté-là. Je supposais qu’ils nichaient mais le mystère restait entier quant au lieu du nid. Le pignon de la grange est percé de trous plus ou moins grands, plus ou moins hauts…
Mes enfants et petits-enfants, venus un week-end, ont exploré les trous de la grange de l’intérieur. Rien ! pas la moindre trace. Et un jour on surprend un des adultes vers un trou, à droite d’un sureau poussé là depuis quelques années. Le trou est repéré de l’intérieur, à l’étage ; le seul qu’on ne voyait pas car caché par une plaque de polystyrène posée là depuis des lustres. On arrive à glisser un œil, le nid est en contre-bas : quatre œufs ! Nous sommes à la mi-mai ; je décide de laisser le couple tranquille et je ne monte plus à l’étage de la grange.
Occupée dans mon potager, j’aperçois un jour un faucon quitter le nid. Deux semaines sont passées depuis la découverte des œufs, je me précipite à l’étage ; l’accès n’est pas facile mais en écartant légèrement la plaque j’aperçois trois boules de duvet jaune, trois poussins blottis les uns contre les autres. Je parviens à faire une photo avec mon téléphone. Quel bonheur !
Là encore, priorité aux parents faucons ; je n’irai plus voir le nid de l’intérieur. D’ailleurs les adultes ne semblent pas apprécier ma simple présence au potager. Ils me survolent, crient et renoncent parfois à aller au nid. Dans ces cas-là, je m’éclipse discrètement. Je ne dois pas beaucoup les gêner car je ne suis pas très souvent au potager.


Mais deux semaines plus tard, j’observe dans un vieux château, des faucons crécerelle venir nourrir trois jeunes au duvet gris en dépit d’une foule bruyante autour d’un grand apéritif servi juste en dessous. Chez moi, il me semble que les faucons viennent moins souvent ; je m’inquiète pour ces trois poussins. Je m’autorise à aller jeter un coup d’œil et faire une photo. Surprise, un seul poussin, mais il semble en forme.
Quelques jours plus tard, le petit survivant se montre à la « fenêtre ». Il a changé de costume : duvet gris. Il semble bien dodu… Je peux suivre son évolution car cinq jours après le duvet gris est peu à peu, remplacé par des plumes. Il s’avance majestueusement au bord du trou, scrute le ciel ou me regarde. Je récolte mes framboises juste sous son nid et il semble me surveiller de là-haut.
Un bonheur n’arrivant jamais seul, quelques jours après avoir découvert les poussins faucon, je remarque le manège de huppes qui semblent s’intéresser à un vieux volet qui ferme une fenêtre de ma cave. Intriguée, je guette… depuis ma fenêtre du salon, un étage au-dessus. J’en déduis que le mâle vient nourrir la femelle qui semble être à l’intérieur, sans doute pour couver. Je ne me prive pas de faire des photos car l’emplacement est idéal pour observer.
Ayant à faire dans la cave, j’entends piailler ; je ne cherche pas à situer le nid. Les adultes effectivement se relaient très souvent ; on est passé à la phase nourrissage. Puis un jour, une petite tête se montre derrière le volet : un bébé huppe !
Quelques jours plus tard, ce sont deux têtes qui pointent à l’extérieur ! Je prends l’habitude de guetter depuis mon salon. L’un des deux oisillons a nettement conscience de ma présence : l’œil curieux, pointé dans ma direction…


J’attends avec impatience de les voir voleter dehors. Je ne sors le chien qu’en laisse, je gare ma voiture ailleurs… de peur d’en écraser un lors du premier envol. Mais un jour, de mon salon je ne vois plus de petite tête. Je guette la venue des parents..., plus rien ! Pour en avoir le cœur net, j’entre dans la cave dont je m’interdisais l’entrée… Rien ! les bébés se sont envolés ! J’explore alors l’appui de la fenêtre derrière le volet pour comprendre où était le nid : juste un creux dans le mur de pierre, tout le long de la fenêtre mais couvert en partie par une planchette posée là il y a fort longtemps…
Et contrairement à la mauvaise réputation des huppes, aucune odeur dans la cave, aucune odeur venant du nid. A la grande déception de ma petite-fille, même pas une plume à récupérer ! Le nid ne contient rien, que quelques pierres ou gravillons venus du mur…
J’ai soigneusement refermé le volet et tout laissé en l’état… pour l’année prochaine…
Depuis les premières observations du Faucon crécerelle, celui-ci a bien grandi. Il est toujours dans sa cavité, et attends sagement ses parents pour être nourri. La photo ci-contre a été prise en début de semaine.
Merci à Jocelyne pour ce beau partage et ce super reportage photos.
