CR proposé par Jean-Louis Verrier
C’est à la truque de Bourdille, sur la commune de Villesèque, que nous nous retrouvons à 9 h ce samedi. Le temps est au beau fixe avec un léger vent d’Est – une bonne configuration pour l’observation ! Et nous sommes accueillis par l’Alouette des champs – deux chanteurs s’égosillent autour de nous, perdus dans l’azur. Ce n’est pas une espèce très fréquente dans le Lot, mais en Quercy blanc, d’assez nombreux oiseaux sont encore présents. Puis c’est l’Alouette lulu, plus fréquente, qui se met aussi à chanter – nous pouvons ainsi comparer ces deux chants, bien différents.
La « truque » ou « tuque » est une petite montagne de forme approximativement conique, telle qu’on peut en voir de-ci de-là dans cette jolie région du Quercy blanc. Celle de Bourdille culmine à 311 mètres et procure une vue dégagée dans toutes les directions, car ses pentes ne sont pas boisées - seul un petit bois de chênes en coiffe le sommet. Il est ainsi possible de choisir, selon la direction du vent, celle du soleil, et selon le sens de la migration (en l’occurrence, au printemps, de SW à NE), l’endroit précis idéal pour observer. Comme le vent d’Est est faible, nous choisissons la pente orientée plein sud-ouest. Le soleil étant encore à l’Est nous bénéficions d’une excellente visibilité.


Au sud, très loin, l’horizon apparait borné par une bande grisâtre parsemée de taches blanches : aux jumelles on peut constater qu’il s’agit des Pyrénées. Aujourd’hui l’air est un peu brumeux et on ne les voit pas nettement. Mais lorsqu’il est plus transparent on les voit très bien. De l’autre côté de la tuque, on peut de même observer les monts du Cantal.
De 9 h à 10 h, la migration est fort discrète, mais pas nulle – de petits groupes de passereaux sont repérés de temps en temps, principalement des pinsons. Ils passent loin et il est difficile de les faire observer par ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir pu les capter dans les jumelles ! Un groupe de Grands cormorans fait son apparition et passe devant nous – en se repérant sur les divers moulins, maisons ou arbres visibles à l’horizon, nous pouvons préciser à tous la direction dans laquelle porter les jumelles.
A partir de 10 h les rapaces commencent à voler – c’est d’abord un Milan noir, probablement en migration, que nous détectons loin au sud-ouest mais qui se dirige vers nous. Il a la bonne idée de passer tout près, ce qui nous permet de le détailler sous toutes les coutures !
La Buse variable, l’Epervier d’Europe, le Faucon crécerelle sont aussi de sortie. La plupart sont probablement des locaux. Mais celui que nous attendons avec quelque espoir, c’est le Circaète Jean-le-Blanc, le mangeur de serpents. Nous finissons par en détecter deux au sud de la tuque, mais ils sont fort loin – puis un troisième individu plus à l’ouest. Celui-ci se rapproche et finalement nous passe au-dessus, pas très haut, vole sur place … – nous pouvons observer, même à l’œil nu, son plumage blanc si caractéristique, parsemé de petites taches grises. Ces Circaètes sont très vraisemblablement des oiseaux locaux, récemment revenus de leur séjour hivernal plus au Sud.
Vers 11 h nous décidons de nous dégourdir les jambes en allant visiter les environs. L’avifaune locale est bien présente, et nous pouvons ainsi observer quelques espèces caractéristiques de ces milieux : Bruant zizi, Tarier pâtre, Pipit des arbres. Deux individus de Fauvette passerinette nous défient par leur chant – celui-ci- est typique, mais ne porte pas très loin. Et comme toutes les fauvettes, il est fort difficile de voir l’oiseau, perpétuellement caché dans les buissons – certains d’entre nous seulement y parviennent.

